Hier à Clermont-Ferrand, aujourd’hui à Graulhet, demain à Rodez, voici que je mène une vie palpitante à travers le vaste monde ! Et toute blague mise à part, il est un fait que cela fait une belle retraite, que je ne regrette finalement pas d’avoir pris à soixante ans. Et vous me dites que vous allez prolonger jusqu’à soixante-quatre ! Ah bon, ils vous obligent ? Ben vous leur direz de ma part, que c’est pas très sympa ! Parce que moi, entre soixante et soixante-quatre ans, j’ai sûrement passé les meilleures années de ma vie. Même si j’admets ne pas avoir renoncé à en vivre quelques unes de plus ! Ben oui, vous verrez lorsque vous aurez mon âge ! On se raccroche à tout et on compte avidement le temps, comme un Auvergnat de base, ses sous…
Ça y est j’attaque ! Non, mais c’est pour rire. D’autant que les Auvergnats, il faut me les mettre dans la poche, vu que le 15 juin à 18 h 30 (et le lendemain à 10 heures) je serai l’invité de l’Interview hebdo, une émission de sept minutes animée par Marie Morin, sympathique journaliste de France 3 Auvergne. J’espère que vous pourrez y accéder même si vous n’êtes pas dans cette région (voir en dessous, les différents canaux possibles). Vous verrez que c’est assez agréable comme concept et que surtout, l’invité à le temps d’évoquer son travail et son ressenti. Après, je ne vous garantis pas que je m’en suis super bien sorti, car face à une caméra, à moins de s’appeler Tapie, ou Lucchini, Ferrari ou Morandini (essayez, ça marche avec tous les I, c’est plus rare avec les U !), c’est tout de même un autre exercice.
Aujourd’hui à midi, je serai devant les membres d’un club de lecture en Aveyron et c’est bien ce que je leur expliquerai. Y a des gens comme ça et en l’occurrence comme moi, vous les foutez devant une page blanche, vous claquez des doigts et hop, elle ne l’est plus… Tandis que dans l’oralité, c’est une autre gymnastique intellectuelle et là je me retrouverai plus facilement au sol ou sur le barre… fixe ! Enfin, elle verra bien Fabienne, qui m’a gentiment fait confiance. Je voudrais ne pas trop la décevoir.
Mercredi prochain, la veille de l’interview de France 3, je serais à Paris, chez l’éditeur. Alors l’Harmattan, il vous propose cette séquence de dédicace, mais enfin il ne vous y oblige pas non plus. Nous ne sommes pas des auteurs que les gens s’arrachent comme Musso ou Lemaître. On aurait plus tendance à s’arracher les lecteurs ! Surtout ceux en quête de dédicace… Si bien que nous sommes certes accueillis, rue des Écoles, mais il n’y a ni barrière pour canaliser la foule, ni compagnie de CRS. D’ailleurs ils m’ont prévenu : « nous, on peut pas faire la promotion de tous nos auteurs, alors démerdez-vous et tâchez de ne pas être trop ridicule ! »
Et c’est vrai ça, parce qu’à Nasbinals, tu signes dix bouquins, ma foi c’est une juste proportion, mais à Paris... Bon allez, je sens bien que ça va me prendre la tête cette histoire et que quelques nuits seront plus courtes, mais enfin c’est le jeu : signer à la Capitale, pour un malheureux écrivaillon provincial, ça marque bien !
Et je suis sûr que vous m’avez vu venir. Si vous en connaissez, vous, des parigots qui aiment la tête de veau et le roman de terroir, envoyez-leur donc plutôt un petit mot : « allez voir l’ami Jaco ! » Parfois il en faut peu pour que le petit roman égaré devienne un roman de gare ! Voire d’avant-garde. Vous le savez, je n’ai aucun ego. Il n’empêche que le seul fait d’être un peu mieux considéré que ces imposteurs qui griffonnent, gribouillent même, quand ils ne plagient pas, aurait je ne sais quoi de réconfortant.
Mais je ne voudrais pas vous quitter sans témoigner de l’importance que revêtait pour moi cette séance de signature, le 3 juin dernier à Graulhet. C’est dans cette petite ville du Tarn que je suis né et où, même si je n’y vis plus parce que les choix sont parfois compliqués et déchirants, je me sens et me sentirais bien jusqu’au bout. Là encore, il y eut la frustration de ne pas trouver au rendez-vous les gens que j’espérais. Un après-midi c’est long et lorsqu’ils ne sont qu’une dizaine à marquer leur intérêt, le temps s’égrène trop lentement sur nos espoirs déçus. Et chaque individu qui vient, apparaît alors comme un libérateur, un ami qui vous veut du bien et mieux que cela, qui vous en fait. Je ne vais pas tous les citer, d’autant que je ne les connais pas tous, mais si cette « Petite fille... » a un jour un petit frère, ils n’y seront pas étrangers. Pas plus que Christophe qui a pris le relais, sur la Place Mercardial, du regretté Daniel et de son épouse Florence, laquelle a choisi de tirer un trait sur la Maison de la Presse.
Qu’est-ce que ça fait du bien d’être encore accueilli par de telles personnes bienveillantes et bien élevées. J’aurais tant aimé vous le présenter cet ancien demi-de-mêlée du Sporting, puis de Lavaur, avec lequel je partage sûrement bien plus que la vente d’un bouquin. Mais voilà que, saisit pas les conversations, les échanges, les découvertes, j’ai réussi l’exploit de repartir sans faire la moindre photo.
Et c’est là que je me demande, quand même, si je n'ai pas un peu vieilli... |
