Je vais m’éclipser une petite semaine - j’écris cela à destination des heureux abonnés à macronique, sachant que ceux qui ne le sont pas, vont aussi recevoir cette lettre – pour tenter de conclure l’écriture de mon deuxième roman, celui que j’ai pour habitude de nommer : le petit frère à ma Petite fille. C’est un moment important - un tournant comme on le dit souvent d’un match – car si je venais à le manquer, qu’il ne suscite ni enthousiasme, ni même adhésion, ce serait en conséquence de mon tempérament, le dernier. J’en imagine qui doivent se dire à cet instant, tant mieux, il ne viendra plus nous piquer vingt-deux euros chaque année ! Et c’est vrai qu’avec la perspective d’économiser 22 euros, on peut aussi projeter de belles et grandes choses. Mais avant donc, de laisser les habitués - que dis-je (?) les intoxiqués - de cette lettre, récupérer un peu de leurs émotions, je ne manquerai pas d’envoyer une petite carte postale du pays. Je sais que le vôtre est tout aussi beau - et vous invite d’ailleurs à le préserver et à ne pas trop le quitter -, mais c’est aussi sympa parfois d’en admirer d’autres... Voilà un usage – la carte postale - qui s’est lentement délité et je trouve cela bien dommage. L’envoyer individuellement aux quelques quatre cent personnes concernées eut été fastidieux, je ne suis même pas sûr que j’aurais pu dénicher les timbres rouges si précieux pour leur acheminement, tant l’entreprise privée exploitant le nom de La Poste, s’intéresse désormais bien moins à l’envoi de courrier qu’à la distribution massive de colis d’Amazon. Il y avait, ce week-end comme depuis plus de vingt ans, cet événement dont vous avez peut-être entendu parler, qui a fini par s’imposer dans le paysage pictural national et qu’ils nomment Phot’Aubrac. Je n’en dirai pas spécialement de mal, car si cela me touche peu - ou alors sans faire bouger l'autre ! -, cela ne me semble pas non plus hautement nocif. Sur le principe. Des gens visent un sujet, appuient sur un bouton, tirent leur chef-d’oeuvre et pensent que rien de tel n’a jamais été aussi beau... Pas d'objection donc, sauf qu’évidemment, après avoir eu cette belle idée d’exposer ces magnifiques photos dans quelques étables - profitant de l’absence des vaches, rognant à l’extérieur les dernières touffes disponibles -, les organisateurs encouragés par l’autorité publique, ont été frappés d’une boulimie et pour le dire vrai, d’une avidité, dont on dira qu’elle correspond idéalement à l’air du temps. Et du lieu. C’est humain ! comme on le conclut en toutes choses. Et voici comment désormais, tous les burons environnants font filer l’aligot et prolongent financièrement des saisons qui n’en finissent plus de s’étirer. Lorsqu’on pénètre en un lieu quelconque où les tableaux naturalistes ne pendent pas au mur, c’est que l’on est indûment rentré chez un habitant revêche. Oh ! excusez-moi madame ! Pour acheter le pain faut prendre rendez-vous, quant à la traverser de la rue unique du village, elle devient presque plus dangereuse pour les voitures, se faisant invectiver par des piétons qui se sont accaparés l’espace. Nasbinals ne compte que 550 âmes (et bien moins encore l’hiver) mais il ne faudra pas tarder à envisager la construction d’une rocade ! Laquelle sera également appréciée des camping-cars qui ont envahi l’Aubrac. Rien de grave non plus dans le sens où ils ne nous ont pas obligés à parler allemand ou à porter une étoile… Bon allez je vous charrie un peu, mais pensez quand même à ne pas rouler tout le temps au milieu de la route et à mettre le clignotant pour laisser passer ceux qui ne souhaiteraient pas - va-t'en voir pourquoi ? - rouler à trente à l’heure. En résumé, ces photos je trouve ça chouette. Mais je me demande si au lieu de le faire sur place, on ne pourrait pas organiser ce festival via internet. Sur la toile, la bien nommée. Et même, tiens, soyons fou, sur fessebouc ! * Pour prendre la mesure de l’efficacité de ce titre, il est préférable de lire à haute voix. |