Il y a des artistes sur terre. Ils sont nécessaires et, de plus en plus, indispensables. Sans eux, ce monde de brutes, de rustres, d'égoïstes serait déjà proprement inhabitable. Mais les artistes, contrairement aux commerciaux, aux entrepreneurs, ne bénéficient jamais du « quoi qu'il en coûte » bien au contraire, lorsqu'on peut les éliminer, on ne s'en prive pas. Et lorsque je parle d'artistes, je ne pense pas aux nombreux courtisans qui, de toute éternité frétillent et s'agenouillent. Naguère à Versailles, désormais à l'Élysée… Et pas davantage à ceux de la Star Academy, de cette télévision indigente, servile et de toute cette veine médiatique, méritocrate et bien médiocre, que je m'honore de fuir. Il y a des artistes, mais selon moi et sans conteste, la plus belle, la plus grande, celle qui survole la concurrence, vous l'avez deviné - car on se connaît bien - mais oui, bien sûr, c'est la nature ! Je suis sûr que les résos-socios grouillent d'images de ce genre, car depuis lors, il y a encore plus de "reporters" que d'artistes ! Mais enfin, j'y vais de ma petite contribution, pour souligner encore et encore, que malgré l'anthropocène - comparable à un cataclysme terrestre de type big bang -, elle nous procure les plus belles choses, les meilleurs spectacles, les plus vives émotions. Et il lui en faut, une force résiliente, pour se montrer magnanime, sous des jours sans cesse renouvelés d'éclats célestes et de buissons ardemment dentelés. Dans les yeux du contemplateur, surgissent des étoiles réanimées, la rude saison venue, au détour d'une haie, au cours d'un torrent, au contre-jour d'une vache. Fin novembre, ordinairement, l'Aubrac se recouvrait d'un manteau neigeux pour passer l'hiver. Tellement soucieux de notre artiste, les financiers et industriels on fait en sorte que les flocons disparaissent et que la voie soit libre vers de nouveaux profits. Ce matin, par moins cinq degrés et dans un décor de givre et d'ivresse visuelle, notre nature relève pourtant le défi de la finesse et du génie. Miracle d'un chef-d'œuvre toujours recommencé. Puis la brume s'est éloignée, découvrant un ciel tout bleu où une demi-douzaine d'avions lâchait des rails de poison ocre. Le charme était rompu. C'est que maintenant, ce joli monde voyage.. Ne sait plus se poser, rester à sa place. Observer, savourer, respecter. Qu'il aille au diable ! |