D'un autre côté, les résultats ne sont pas toujours ceux sur lesquels on mise naturellement lorsque les dés sont en l'air et le temps qu'ils se stabilisent enfin sur le tapis. Heureusement on ne peut pas faire zéro et si cela tombe sur la plus petite face, cela fait au moins deux. Ou onze, suivant que l'on additionne ou que l'on ajoute. Rassurez-vous aussi, nous n'en sommes pas là non plus et si les ventes oscillent entre deux cents et six cents, le plus ennuyeux c'est lorsque l'évolution s'inverse et que l'on a l'impression de régresser. Il n'y a certes aucune obligation de résultat, tel est bien le privilège du retraité qui voit sa pension tomber quel qu'ait pu être son rendement mensuel, l'avis de son patron, de ses clients, en l'occurrence de ses lecteurs. Mais qu'est ce qui, par exemple, détermine que la Petite fille ait fait plus du double de diffusion que son petit frère ? Les féministes s'étonneront de cette question, puisqu'il va de soi, au moins selon elles, que les histoires de filles présentent bien plus d'intérêt et de nécessité. Reste que notre frustration est grande, le Petit garçon et moi, de n'avoir pas suscité la même curiosité auprès d'un lectorat qui paraissait acquis. A moins que ce ne soit, justement la faute à la précédente ! Qu'ils n'aient pas tout saisi de la trajectoire tragico-héroïque de Marie-Po, la petite orpheline de l'Aubrac si maltraitée au départ de l'existence et tellement gratifiée par la suite. Peut-être un peu de sexe malséant ? Une petite défiance d'ordre philosophique ? Politique ? Je tiens une liste édifiante de lecteurs de ce premier roman en Aubrac qui refusèrent d'affronter ma deuxième tourmente. Un club de lecture de Rodez tout entier par exemple ! Je me souviens pourtant d'une fort agréable rencontre dans un restaurant bien connu des Aveyronnais. Nous y avions cassé la croûte, mais aussi la glace qui fige parfois les premiers contacts. Va savoir ! Et comprendre... Ce qui m'ennuie c'est que tous ces gens n'auront rien su de l'itinéraire épique d'Alain Vaissière que l'on rebaptisa, dans la ferme des Moussous, Tintin ! Un gamin "de trop" dans une ferme de si peu. Le père, qui ne l'était peut-être pas assez, le loua au rustre buronnier de Budette qui en fit son souffre-douleur, son esclave. Avant que, avec le concours du pastre, l'enfant ne s'échappe de cet enfer montagneux et ne parte affronter les affres de la vie parisienne. De la souffrance encore, mais accommodée de prévenance, de confiance et peut-être bien aussi d'un amour qui, s' il ne se disait pas, y ressemblait fortement. Bon, mais je vais pas vous raconter toute l'histoire quand même ! Petit garçon dans la tourmente n'a qu'un an. Il est et sera en vente pour au moins des décennies, des siècles peut-être. Ceux qui ne l'auront pas lu, seront morts sans savoir... En parlant de ça, il est une autre évidence que les lecteurs de mes romans sont rarement très jeunes. La lecture n'est déjà pas tendance et ce type de littérature où l'on va puiser aux sources des traditions, du terroir et de la mémoire, n'est ni le plus prisé ni peut-être le plus passionnant. Voilà aussi ce qui menace. Le vieillissement ! L'année dernière à la même époque, j'apprenais avec beaucoup de retard que l'un des mes plus fidèles - pourtant pas très âgé - s'en était allé sans que j'en sois tenu informé. Et c'est pratiquement à un an d'intervalle que j'accuse le cup de la disparition d'un autre compagnon de route. C'est donc un double appel qu'il me faut lancer. Aux anciens d'abord : "les amis, prenez soin de vous. Buvez, mangez, traversez les rues, indignez-vous même; mais toujours avec modération !" Quant à ceux qui, de plus ou moins bonne foi, ont craint la tourmente, n'hésitez pas cette fois à nous rejoindre au Festival de Chantemerle. Et vous verrez que ce Lire et délire tiendra toutes ses promesses ! En attendant, je remercie Stéphane, Pierrot, Laurence-Edwige, Gérard, Janine, Francis (X 2), Marileine, Colette, Dominique, René, Éric, Denise, André qui furent les premiers à se manifester. Histoire d'apporter à l'auteur, non pas un trop-plein d'honneur dont il n'a que faire, mais ce brin de réconfort dont il a besoin. |
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