POUR ce rendez-vous hebdomadaire qui durera un peu plus que les roses, aussi longtemps que je garderai suffisamment d’énergie, de moral et que j’aurai quelque chose à dire, je m'évertuerai à me montrer attrayant, convainquant, appâtant et qui sait même, épatant. Le handicap majeur c’est que cela n'est guère dans ma nature. Vendre n’est pas mon point fort et moins encore mon plaisir. Lorsque je vois combien il est difficile ne serait-ce que de recevoir un mot d’encouragement de mon entourage, tu imagines le talent qu’il faut pour aller convaincre un type à qui j’ai chopé l’adresse mail comme on vole à la tire, de se précipiter pour commander ce roman dont finalement on ne sait rien. Surtout que 19 balles c’est déjà plus que dalle ! C’est le prix d’un kilo de steak dans la tranche, de dix litres d’essence et même d’une place au cinéma. Sauf que moi je ne fournis pas le fauteuil moelleux, ni la bande annonce qui vous crève un tympan, ni la bande de jeunes qui vous assaille et s’installe juste à côté alors que la salle est vide, en riant aux éclats comme s’ils étaient chez eux avec d’immense cartons de popcorns qui vont vous empester et craquer à l’oreille durant toute la séance si, toutefois, votre tympan est sorti du coma. Je peux juste objecter qu’un bouquin ça coûte 19 euros pour toute la famille, alors que si vous allez à quatre, même avec des petits, ça monte vite au-delà des cinquante ! Sans compter - si j’ose dire, parce que la note sera salée – qu’après une séance de Pathé, il est rare que cela ne se finisse pas au resto. Je ne vais d’ailleurs pas évoquer ce passage par des « tables » infréquentables où l’on se commet soi-disant, parce que ce sont les enfants qui le réclament ! Dix neuf euros, cela fait quand même presque cent trente francs comme aurait dit ma mère qui n’a jamais admis que grâce à l’Europe et sa monnaie unique, tout coûtait six et demi fois moins cher ! Alors pour redevenir sérieux, un bouquin, cela représente des heures, des journées, des semaines, parfois des mois de travail. Des doutes, des souffrances, des relectures, des réécritures. Des insomnies, des sautes d’humeur et j’en connais même qui se paient des crises de tachycardie ! C’est un travail de graphisme aussi, tout au moins pour ceux qui n’ont pas la chance d’être édités par Gallimard où généralement la couverture sans fioriture se limite à un titre et le nom de l’auteur qui apparaît en très gros, dans la mesure où sa notoriété lui permet de vendre n’importe quoi puisque qu’il passe à la télé, qu’il a eu le Goncourt et que de toute façon ses lecteurs ont décidé qu’il n’y avait que lui. Au Festival de Chantemerle, vous en découvrirez un comme ça – si vous parvenez à contourner les oursins de votre poche pour atteindre les 19 euros convoités -. Il s’appelle Claude Vougeot. Un grand amateur de Bourgogne comme son nom l’indique (!), ancien ministre des Affaires étrangères. Il présente Mon comique out, son dernier opus – j’aurais pu parler d’obus tant il écrit au canon, voire même d’abus – et les visiteurs se l’arrachent, émus de se voir gratifiés de la dédicace d’une valeur sûre du cirque médiatique. Autour de lui, des auteurs méritants observent le manège, impuissants, un rien honteux. Dix neuf euros, cela comprend aussi, pour les chanceux livrés à domicile, les sept et quelques - soit plus du tiers du prix - que nous vole la Poste, dans sa grande entreprise de dépouillement du populo parfaitement admise dans une société où il est devenu légal et normal de racketter la culture pour engraisser un peu plus les actionnaires privés. Mais si ce n’est pas la Poste, ce sont les librairies qui prennent leur tiers de commission, mais je n'oserai là, rien trop dire. Ceux-ci font vivre le livre à défaut de leurs auteurs. Et nous en avons bien besoin ! Ben voilà, du coup, j’ai réussi à vous placer Claude Vougeot ! On progresse bien dans la découverte de ce mystérieux délire de 210 pages. La prochaine fois nous essaierons d’évoquer quelques autrices. Sans vouloir vous mettre l’eau à la bouche, il y aura peut-être Patricia Labranche, voire même Samantha Decher ! Hummmmmm ! ________________________ Merci aux lecteurs les plus rapides qui m’ont déjà accordé la grâce d’une critique. J’espère que d’autres suivront et qu’à défaut d’une revue de presse, je pourrai vous proposer un joli compte-rendu de lecture. |
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire