Lire et délire n'a - comme son titre en donne déjà un aperçu - que fort peu de rapport avec les tourmentes passées. Point de petite fille, ni de garçon prépubère, nous sommes ici entre adultes consentants et généralement en un seul mot (faut voir !). J'apporte cette précision dans le cas où certains d'entre vous ne se seraient pas sentis à l'aise sous la neige et pris d'un malaise claustrophobique dans l'obscur huis-clos du buron de Budette. Comme son titre l'indique - cette fois -, ce troisième roman d'affilée fait bien davantage dans la farce - il y a d'ailleurs l'un des bouquins présentés par le cuisinier Roger Latoque, qui s'appelle Sacré Farceur - et surtout dans le second degré et je ne parle pas de la température ambiante, laquelle se situe plutôt en dessous de zéro, la scène principale se tenant toujours sur nos montagnes aubraciennes entre 1000 et 1500. C'est important, me semble-t-il, lorsqu'on ouvre un bouquin de savoir placer un curseur sur l'échelle de lecture, gravitant en gros entre le truc hyper pompeux - et chiant - et la grosse déconnade. Je me situe vous l'aurez anticipé - et ceux qui me connaissent le savaient avant d'entrer dans la chronique - plutôt dans la zone presque rouge de la deuxième catégorie. Lorsque vous dévorerez avidement Lire et délire - ce qu'à Dieu ne plaise, à moi aussi et vous souhaite ardemment - vous découvrirez justement certains de ces auteurs qui se prennent au sérieux, mais alors tellement au sérieux que les gens et même certains lecteurs, finissent par les prendre... au sérieux. Or l'écriture - et la lecture en corollaire - ne peuvent et ne doivent être sérieux. La situation à Gaza, en Ukraine, sur la Terre même que l'animal humain dévaste sans scrupule, là oui, c'est du sérieux. Mais écrire et lire c'est de la connaissance à propager, de l'expérience à partager, du plaisir à offrir. Depuis tout petit, je m'en excuse bien volontiers j'abhorre les suffisants, les importants, les cuistres et les cupides, toute cette société de gens et d'êtres qui saturent les salons, du livre, de thé, de beaux quartiers où l'on glose et où l'on se la pète dans l'entre-soi (celle-ci est pour les fines gâchettes !). Bref restons nature, restons nous-mêmes et s'il arrive que l'on nous aime bien, savourons-le ! ; si l'on nous vénère, refusons-le ! Il serait facile de me rétorquer que c'est parce que personne ne me vénère que cela m'énerve. Celui qui éprouverait cette subtile pensée aurait indéniablement tout suivi ! Mais enfin, cela ne m'enleva en rien, l'envie d'introduire dans mon dernier roman une bonne dose de philosophie. Ben pourquoi pas ! Certes je ne le dois en rien à Onfray, Enthoven, Lévy, Ferry et j'en oublie qui ont donné à cette belle discipline ces lettres de faiblesses. Mais grâce leur soit louée, ces fifrelins de plateaux TV ne sont pas parvenus à m'en dégoûter et, en vérité, si je me suis découvert une passion aussi subite que compulsive pour la philo, c'est d'être allé puiser aux racines grecques, Socrate - le patron - et Platon - - l'exégète-. J'espère qu'il n'y aura pas trop de profs de la spécialité sur ce blog aujourd'hui, car en situant Platon en tant que rapporteur des paroles socratiques, je m'expose déjà à de sévères remontrances mais.. on s'en fout ! Là, n'est pas la question non plus. N'empêche que la philosophie dans toutes ses acceptions accompagnent nos vies. Et avec plus d'acuité, de profondeur et d'essentialité à mesure que l'on avance dans l'âge. Je ne sais plus qui proposait cette idée force selon laquelle, plutôt que d'initier cette discipline à des gamins de dix-huit ans qui s'en foutent, on devrait la proposer à ceux qui frappent aux portes de la vieillesse. Enfin, pour moi qui n'aie pas été à l'école, il en est ainsi. Je ne sais pas vous, mais je suis entré en philosophie - avec toute l'humilité indispensable, la sensation de l'infiniment petit - en découvrant les aphorismes et autres courts textes de ces deux géants de l'antiquité athénienne - ce qui me fait penser à papa qui concluait ses parties d'échecs par un solennel : " et c'est là que les Athéniens s'atteignirent ! ". Mieux encore que ce que j'ai appris à les connaître, ce sont eux qui m'ont permis de me déterminer. " Tout ce que je sais, c'est que je ne sais rien ". Voici le postulat de base. Tu sors de là et tu empruntes déjà le mau-vais chemin. Nous avons tous fait le constat au cours de nos vies, au fil de nos rencontres, que plus les gens étaient bêtes, plus ils étaient prétentieux, parlaient d'eux et nous ramenaient inéluctablement à leur nombril. En total contraste avec des sommités de toute obédience, des esprits brillants, de grands érudits qui savent écouter, s'intéresser aux autres, compatir et conforter. " Plus riche est celui qui se contente de peu, car la richesse est dans la nature." Si le prof de philo de seconde est encore là, il me retombera dessus car il n'est pas du tout certain que la formulation soit celle-ci. Je rappelle, au cas où l'un d'entre-vous ne s'en souviendrait plus, que Socrate n'a jamais rien écrit et que c'est donc Platon - et Xénophon (qui n'est pas un instrument de musique !) en deuxième intention, qui ont retranscrit et probablement agrémenté la pensée socratique. D'où ces incessantes querelles sémantiques, bien plus que sur le fond. Et la troisième - on n'échappe pas à son destin - est encore de Socrate et dit " Connais-toi toi-même ". J'aurais pu rajouter " Deviens ce que tu es ", mais là c'est du Nietzsche et ça ferait peut-être trop ! Bref, si vous voulez progresser en philo, jetez-vous sur Lire et délire, mais en tenant bien compte de tout ce qui précède... 👉Retrouvez toutes les chroniques ainsi que l'actualité de Lire et délire sur le blog https://jacobrac.blogspot.com/ 👍Les amis et/ou ceux qui aiment bien ces chronique et ces livres peuvent faire suivre à leur contacts et sur les réseaux sociaux. Merci à eux. |