lundi 15 septembre 2025

 



Lire, délire et trinquer !

Savoir défendre un livre, l’exposer, le promouvoir ou même seulement en parler, voilà qui entre pour bien peu dans mes compétences. C’est d’ailleurs la raison principale pour laquelle je ne cours pas les salons au sein desquels je ne me sens pas bien à ma place, mal à l’aise. Ces manifestations génèrent plutôt de la frustration lorsque planté devant la table couverte de vos bouquins, vous voyez défiler des chalands faisant la moue et regardant ailleurs. C’est la différence entre un auteur et un boucher. Parce que je vous assure qu’à la foire au boudin de Barjols ou aux bœufs gras de Chantemerle, personne de vous regarde de travers et il faut même une certaine organisation pour satisfaire tout le monde. Je sais ce que vous allez me rétorquer : « t’avais qu’à te lancer dans la saucisse ! ». Objection recevable, mais admettez que tout le monde ne peut avoir la noble  vocation de charcutier !
Cette ambiance, ce brouhaha lancinant d’une salle des fêtes où ceux qui écrivent sont parfois plus nombreux que ceux qui se proposent de les lire, a beaucoup inspiré, je pense que vous l’avez maintenant compris, ce Lire et délire d’excellente facture... paraît-il ! Vous y trouverez toutes sortes d’auteurs, des plus égocentrés aux moins hardis, en passant par les plus sauvages, comme le fameux régionaliste Rémi Zantrop - dans lequel certains trouveront des ressemblances - qui ne supporte plus sa voisine de tablée qui court après les passants, les accrochant même par le bras pour tenter de leur refiler son histoire de voyage rocambolesque dont la pertinence n’arrive pas à la cheville de l’empreinte carbone commise par son héros. Comme tous les auteurs habitués du festival Lire et délire, Rémi observait avec intérêt le jeu de jambes de Samantha Decher, mais avec le temps même ce regard-là s’est détourné...
Ce qui me plaît en revanche, c’est lorsque gentiment, Olivier de Charlemagne m’invite à venir retrouver les copains de Toulon ; que Nathalie m’appelle pour passer quelques heures à la Maison de l’Aubrac ; que Patricia tente de me faire - un peu - prophète en mon pays pour rencontrer mes congères de Graulhet ; que les Bastide m’ouvrent leur bar et leurs bras pour me permettre d’accueillir mes nouveaux coreligionnaires de Nasbinals. Là oui, il y a de la fidélité, de la complicité, une histoire tissée au fil incassable d’une sympathie affichée, parfois d’une amitié discrète mais chaleureuse comme on le dirait d’une température ressentie.
J’espère bien vous voir le 20 septembre à la Médiathèque de Graulhet ou Marie-Lise a une la gentillesse de me reprogrammer après un report d’ordre "technique" et même à la Maison de l’Aubrac où l’on ne s’est pas tous vus ; à Toulon, Hyères ou ailleurs dans le Var peut-être, mais pour l‘heure cela se passe à Nasbinals, à l'hôtel de la Route d'Argent. Voilà l’un de ces endroits qui jalonnent à la fois mes souvenirs et mes émotions. J’y suis un peu chez moi, pour autant qu’ils veuillent bien qu’il en soit ainsi.
Nous organisons, ce jeudi soir à partir de 18 h 30 une rencontre-dédicace qui me permettra de croiser sans doute ceux que l’on a rarement le loisir de fréquenter parce qu’on laisse trop souvent place aux hasard et que celui-ci ne fait pas toujours si bien les choses.
Et comme je serai « trop content » - j’emprunte là aux jeunes une expression qui ne me ressemble pas ! -, j’aurai le grand plaisir de leur offrir un verre !
A la santé de Tournier-Lapage, Germaine Lebal, Henri Tréfor, l’adjudant Delay, Particia Labranche, Alain Congru et même Edouard Neney, même si côté santé, les perspectives ne lui sont pas bien favorables !  

Voici un extrait de l'ambiance qui préside au Festival Lire et Délire


Autre style, autre démarche. Moins sensuelle et déhanchée. Rebecca Botine est une battante. A bourlingué. Eu sa période Asie. Paludisme et déconvenues sentimentales l’en ont guérie. Assez de moustiques et de loustics. S’est mise à l’Espagnol. Sillonne l’Amérique latine. Écume les hôtels, squatte les missions économiques et les forêts primaires. Romance, espionne, enlève et trucide même, si l’occasion se présente, à travers Amazonie, Bolivie, Pérou, Colombie, Équateur, Brésil. Joli récit qui ne résiste pas à la réalité, car la romancière bidonne à satiété. Ne voyage en réalité qu’à travers son hubris, les documentaires d’Arte et les innombrables sources qui coulent d’internet. Prend un billet à Wikipédia et embarque le lecteur vers l’aventure absolue. Parfois absurde, pompeuse, emmer-dante. L’archétype magistral en somme, de l’escroc de salon littéraire !

Elle court ici après les chalands qui n’auraient pas deviné, dans l’épaisseur des frondaisons de sa couverture, le bec et les yeux perçants du hococo. Cet oiseau descendrait d’une lignée remontant au crétacé supérieur harcèle-t-elle le malheureux qui vient indifférent de reposer le pavé en jetant imperceptiblement un œil sous la table de Samantha. Connaissez-vous le Honduras ? Pays étrange et bien plus attractif qu’il ne le semble. J’y installe mon intrigue et ce personnage parti à la recherche de cet oiseau dont on subodore qu’il n’en subsiste qu’un couple... Bla-bla-bla. N’ayant pu retenir celui-ci, elle harponne alors un autre couple manifestement égaré dans cette petite jungle littéraire, lui déroulant sans répit le fil de son escapade hondurienne. Le récit des deux spécialistes du volatile endémique finit par intriguer quelques curieux qui se laissent circonvenir. Le monde attirant le monde, l’espion canadien et son autrice opiniâtre reprennent espoir. Elle dédicacera trois exemplaires dans le quart d’heure suivant. 

Lui tournant le dos, un auteur régional bougon, glorifiant à la façon de Giono la paysannerie laborieuse tout en dépeignant habilement son écrin bucolique, Rémi Zantrop secoue la tête ostensiblement. S’exaspère et se résigne. Se dit qu’il a passé l’âge de s’infliger la promiscuité de tels individus livrés à la prostitution textuelle. Se promet, alors, qu’il n’y reviendra plus. Pour ce que ça lui rapporte ! Ici, ça ne pense qu’à bouffer ! Ils ont des oursins dans le portefeuille et un chausse-pied dans le cul… Excusez-moi messieurs-dames, soliloque-t-il encore tout en riant sous cape, mais entre ces gras du bide qui me toisent et l’autre conne qui se prend pour John le Carré, j’ai la bouilloire qui siffle… D’ailleurs il a ôté le chapeau de cuir qui le distingue et masque ses quatre cheveux ébouriffés. Se ventile ostensiblement avec. 

Carla Meusson, qui concours au meilleur titre de Lire et délire, ne souffre pas des mêmes états-d’âme. Vue sur la première chaîne et promue par quelques journaux féminins avisés, elle n’en finit pas de dédicacer ses mémoires, délivrant les bigs bisous et les compliments de son poisson rouge à l’intérieur de grosses bulles. A ses pieds, une douzaine de chérubins se sont accaparés les BD que les auteurs sont censés vendre. Il y a même une maman sans-gêne qui encourage son mouflet : prends, prends, je suis sûre que le monsieur te le prête ! Que voulez-vous répondre à ça ! Mehdi Téranet, dessinateur de mangas, hoche la tête avec un grand sourire d’approbation. "Sinon, ils vont me traiter de raciste. Ou de sale Arabe ! " 

 

Les copains de la Cellule de réflexion de l'Union Sportive Seynoise (CRUSS) en visite dans l'Aubrac, assurent la promotion de mes petits derniers...

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