Quand Nasbinals se met à lire | |
Certes, en Aubrac, on a plus l'habitude de regarder des photos ! Mais c’est encore et toujours du délire ! Merci aux Nasbinalais qui ont, en masse, répondu à mon invitation à partager l’apéro. Boire un coup et boire les lignes de ce livre conduit en quelque sorte à la même ivresse et par ces temps aux issues incertaines - ou même malheureusement prévisibles - cet élan de sympathie, mais également cette frénésie de lire, font chaud au coeur. Or, même si l’on n’est pas réellement en manque de chaleur, celle que procure l’amitié, la solidarité villageoise vous marque toujours émotionnellement. Et l'on se dit alors que l'on a bougrement bien fait de venir s'installer ici ! | |
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Aziz Zany et la dispute sociologique | |
Si je ne me trompe, il ne m’a pas encore été donné d’évoquer l’un des personnages, certes secondaires mais participant de l’intrigue, le dénommé Aziz Zany. Ah, je vous sens un peu sur la défensive ! Alors il me faut sans plus attendre vous rassurer. Il ne s’agit pas de l’un de ces terroristes soutiens du Hamas, ni d'un frère organisateur du grand remplacement. Aziz Zany est un sociologue propre sur lui, inspiré de Raymond Boudon et Pierre Bourdieu, auteur d’une série d’études portant sur le délitement de la société à travers les comportements humains dans la cité. Diantre ! allez-vous me dire - si, si, je suis sûr que vous alliez le dire – qu’allait donc faire un homme aussi sérieux au Festival Lire et délire de Chantemerle où il s’agit de désigner le titre le plus drôle de l’année. Mais ce n’est pas parce que c’est drôle que ce n’est pas sérieux, ni intéressant, ni intelligent d’ailleurs. Celui qu’il présentait était donc Les Mouches du coach. Ce n’est pas à vous que j’apprendrai que le Coche et la mouche est l’une des plus fameuses fables du grand La Fontaine. Du reste, lorsque vous en aurez fini avec Lire et délire, je vous recommande d’effectuer un petit retour à vos classiques et ceux de ce gigantesque poète dont bien des alexandrins sonnent et résonnent encore d’une étonnante autant qu’affligeante actualité. Extrait des Mouches du coach
" Les premiers à s’être installés dans ces zones d’activités péri-urbaines, desservies par de grands ronds points offerts par les communes aux frais des contribuables, sont les cabinets juridiques et fiscaux. Terminé le petit comptable rond de cuir dans une usine de dix ouvriers, finis les règlements à l’amiable dans les conflits familiaux, de voisinage ou commerciaux, tout passe par les bureaux feutrés et chatoyants de professions libérales aux résultats exponentiels. J’allais oublier les architectes, eux aussi prennent leur aise et de grands airs sur les mêmes carrefours de l’ingénierie systémique. Plus question de bâtir la moindre cage à poule, sans être conseillé par l’un de ces génies de l’agencement de volumes. Et j’en reviens à la même conclusion selon laquelle c’est toujours la technocratie, à l’échelle européenne par surcroît, qui organise et amplifie la globalisation de ces pratiques, avec un maître mot : l’optimisation. Gagner plus et payer le moins d’impôts possible. Sur le modèle de ces professions providentielles (avocat, architecte, notaire, expert-comptable et leur corollaire, agent immobilier, concessionnaire automobile), s’est agglomérée toute une faune de conseillers en tout. McKinsey est devenu, par la grâce du président de la République qu’il a fabriqué, le plus réputé en France alors qu’il l’était déjà bien avant dans le monde. Véritable cheval de Troie du libéralisme, il a été, si ce n’est l’inspirateur, au moins le libérateur d’une pratique peu catholique mais prolifique…
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