 | Du côté de chez Jaco ! | Je suis là, c’est une affaire entendue, pour assurer ma publicité, le service avant-vente. Qui le ferait sinon, à l’exception de quelques dizaines de lecteurs bienveillants qui m’ont spontanément apporter leur soutien bienveillant et/ou le témoignage de leur plaisir à me lire ? J’ai la faiblesse de penser qu’ils n’ont pas complétement tort. Si j’avais la chance d’avoir, entre les mains, un roman qui commence ainsi : « Lorsque Frisbee, le bichon maltais de Germaine, bondit essoufflé sur ses genoux malingres, agitant une queue en point d’interrogation, elle sursauta. » il est fort probable que je ne le lâcherais plus jusqu’à son épilogue, à moins que le sommeil ne me gagne ou alors que l’impératif d’aller gagner ma vie, ne me le somme. Je le faufilerais alors sûrement dans ma besace, pour en reprendre le cours délirant durant ma pause-déjeuner, avant de le réouvrir avec la fièvre haletante, la soif ivresque de connaissance, de retour at home, entre une douche relaxante et un dîner reconstituant. Certes, Lire et délire ne se distingue pas absolument de tous les autres livres, en cela qu’il existe nécessairement un début. Force est d’admettre tout de même que tous ne se valent pas et n’atteignent notamment pas celui-ci. Votre culture - livresque cette fois – me renverra inexorablement à l’incipit (qui ne signifie pas insipide malgré l’homophonie) fameux : « Longtemps je me suis couché de bonne heure. » qui nous emmène Du côté de chez Swann. J'sais pas vous, mais cette accroche aurait eu plutôt tendance à me faire décrocher aussi sec, quitte, effectivement, à partir au lit prématurément. Ce n’est pas beau de débiner un collègue, surtout que celui-ci ne débordait pas de santé, mais Marcel Proust puisque c'est bien de lui dont il s’agit, est parti depuis un certain temps déjà - cent trois ans si mes calculs sont exacts -. On pourrait presque en conclure que c’était une manie chez lui que de se coucher de bonnes heures, puisqu’il n’avait que cinquante et un ans, si mes calculs sont encore bons, lorsqu’il oublia de se relever. Donc il ne me tiendra pas rigueur de ce jugement à l’emporte-pièce : je n’ai jamais pu lire plus de dix pages de son œuvre prolifique. Et moi qui ai souvent tendance à en vouloir aux éditeurs - on se demande bien pourquoi ! - j’admets qu’en refusant de publier ce verbiage submersif, Gallimard ne se fourvoyait pas forcément. Reste que Proust devint à la mode et déferla dans les rayons jusqu’à arracher un Goncourt de circonstance. Ce ne qui ne laisse pas de m’interroger quant à la destinée de mon bichon maltais, qui tira avec bien plus de fantaisie et d’intérêt, sur l'élastique du chapeau d’un pauvre corps de glace, figé non loin de chez Germaine, dans le parc Amoul. Bref, si vous cherchiez un cadeau de fête des pères, je crains que ce ne soit trop tard. Au moins pour cette édition. Mais il y en aura d’autres. Si Donald, Elon, Bibi et autres fous de la planète, le veulent bien ! Et puis, il vous reste encore à choisir vos livres d’été et s’il doit même n’y en avoir qu’un, vous choisirez, j’en fais le pari, Lire et délire plutôt que la Recherche du temps perdu. En vacances, il est précieux ! Merci de m’avoir lu, surtout si vous m’avez suivi ! | 👉Réservez cette date si vous êtes du côté de Nasbinals, le jeudi 26 juin prochain, entre 18 h 30 et 20 heures chez Bastide. J'aurais le plaisir de venir à la rencontre de mes lecteurs et par la même occasion, en plus d'une dédicace, de leur offrir un verre, puisque nous serons à la bonne heure et surtout au bon endroit. 👉 Continuez à commander Lire et délire - il m'en reste quelques milliers - ; à partager ces chroniques ; à m'envoyez vos notes de lecture et Indignez-vous ! c'est le moment ! 👉Retrouvez toutes les chroniques ainsi que l'actualité de Lire et délire sur le blog https://jacobrac.blogspot.com/ |
| Voici les premiers paragraphes de Lire et délire " Lorsque Frisbee, le bichon maltais de Germaine, bondit essoufflé sur ses genoux malingres, agitant une queue en point d’interrogation, elle sursauta. Entre courroux et délivrance. Le sermonna fermement tout en le parcourant, dans les deux sens du poil, de ses mains tremblantes de caresses. C’est vrai qu’il ne risque pas grand-chose à s’en aller ainsi, entre chien et loup, soulager sa prostate dans le parc mitoyen. Ne risque pas de le perdre dans la neige. L’a équipé d’une épaisse doudoune orange et de la pu-puce électronique vivement conseillée par le véto à qui elle donnerait - outre de considérables émoluments - le bon Dieu sans confession.
– Mais enfin que me rapportes-tu là comme saleté, petit coquin ? Elle le voit bien, madame Lebal, qu’il s’agit d’un chapeau pointu en carton brillant, constellé de petites figurines dorées et multicolores sur fond bleu. Aurait dû plutôt lui demander d’où provenait ce colifichet sans valeur. De Chine certes, mais encore ? Joueur mais pas prêt à en démordre, Frisbee grogne un peu et se met en arrêt sur ses pattes avant, tandis qu’elle cherche à décrocher le trophée de cartoline ramollie qu’il ramenait fièrement. Ce petit chien accomplit la charge pénible et bienveillante de millions de ses congénères sur terre. Il accompagne les vieux jours qui parfois s’éternisent. Ici, ceux d’une dame tombée vertigineusement en veuvage. Il se couperait en quatre - même si cela ne pèserait pas lourd - dans l’intention et le désir de dispenser tout ce qu’une personne sentimentalement démunie côté humain, peut attendre de son espèce. Mais enfin là, Germaine exagère ! Il est à lui ce trésor ! Joli cône brillant, semblable à ces pépites roulant au lit d’un torrent dévalant les flancs de l’Altiplano sous les rayons dardants de midi. Se l’est même arraché de haute lutte dans la neige que les dernières heures du jour referment rigoureusement sur ses cristaux. Ce n’est pas elle, Germaine, qui s’est pris l’élastique dans l’œil lorsque, après moult hochements et arrachements obstinés, assortis de grognements légitimes, l’objet désiré finit par céder à sa résistance énigmatique." | |
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